17 Mai 2014
La vérité historique dans le roman
Un roman ne peut être un livre d’histoire, surtout un roman historique.
Il y a, me semble-t-il, deux grands types de romans historiques : celui dont le sujet est de faire connaître l’époque, et qui comble quelques blancs par l’imagination de ce que pouvaient être ces blancs, et celui dont le sujet est l’intrigue, et qui s’efforce de restituer le contexte historique.
Je ne classe pas parmi les romans historiques ceux qui inventent l’Histoire :ceux-là sont pour moi des romans tout court.
Plus on recule vers des périodes éloignées de la nôtre, plus le romancier historique doit se contorsionner pour se faire comprendre.
Prenons le V° siècle, époque de mon ouvrage. Le pater familias, le père de famille, avait alors droit de vie et de mort sur sa femme, ses enfants et ses esclaves. Personne ne s’en offusquait. Le romancier peut-il, sous prétexte de fidélité historique, mettre en scène un épisode reposant sur une telle pratique sans profondément choquer ses lecteurs d’aujourd’hui, et donc trahir l’état d’esprit des contemporains de son histoire ?
Il lui faut donc mentir, au moins par omission, sur l’époque, pour ne pas la trahir.
On pourrait multiplier les exemples concernant les mœurs, comme la conception de la femme.